
« Planete terreur », de Robert Robriguez, avec Rose McGowan, Freddy Rodriguez, Quentin Tarantino… vu au Cinéma Notre-Dame de Mussidan le 23 Septembre 2007.
Jubilatoire, ce deuxième Grindhouse est un régal cinématographique, un délire postmoderne, un OVNI décomplexé utilisant les codes hollywoodiens pour mieux les faire voler en éclats. Rodriguez signe une œuvre finie, construite et déjantée.
Maîtrisant parfaitement les codes du film d’horreur, il s’amuse à guider le spectateur sur cette voie, le suspense s’installe, la peur apparaît et une explosion d’abcès putrides viennent nous péter à la figure. La bande originale est également excellente, servie par un Rodriguez en grande forme, ce rock dynamise le film et rythme une chorégraphie saisissante d’unijambiste en manque d’action.
Les références aux films de genre affluent, tous le cinéma des années 70 est recyclé en un savoureux cocktail de chair et de charme. Les actrices sont magnifiques, Rose McGowan pétille avec son personnage, Go Go danseuse toute en formes corporelles, mais intellectuellement au-dessus du lot… cliché, mais cliché au second degré. Cela résume tous l’esprit de ce délire maîtrisé de bout en bout.
Un scénario ficelé et abouti, mais cette grosse dose de second degré donne une dimension de cinéma d’auteur au film. Certes « l’horreur » est présent, mais ce n’est pas l’objectif du film que de montrer une armée de zombie bouffant les tripes du premier infirmier trop bavard venu. C’est un hommage, autant qu’un tour de force cinématographique, à un cinéma « Grindhouse », de série B voire Z, plus ou moins caché ou disparu. Tarantino et Rodriguez ne s’interdisent rien, ils ont fait des films scénaristiquement construit et abouti, mais où les limites de la réalisation on été bousculés et transcendés afin de faire des films originaux qui font la différence.
La série B est présente pendant deux heures, la bande sale crépite, la bande-annonce du film « Machette » (séquence d’anthologie où Rodriguez continu son obsession pour la Machette) nanar d’un fou de la gachette, le trash, le sexe et finalement le délire nous amènent hors des sentiers pour questionner ces genres et nous inviter à les redécouvrir.
Comment ne pas penser à Duel en voyant le camion rouillé, tout en carcasse avec ses bruits de vaisseau spatial fatigué qui déboule sur la chaussée goudronnée. Un Bruce Willis qui fait le strict minimum, habitué à incarner les valeurs américaines de bon soldat qui défend la patrie, de justicier aussi, ici il est le « méchant », mais pourquoi ? sa troupe s’est fait infester par une arme biologique (en tuant Ben Laden en Afghanistan !), ils doivent donc se débrouiller seuls à contenir leur contamination (Ils se transforme en zombie pullulant), mais le virus s’est échappé… Comment ne pas y voire aussi une critique de la politique militaire américaine depuis le Vietnam… What else ?
Bonne toile !