vendredi 7 septembre 2007

Tragédie chez les bourgeois !


La fille coupée en deux, de Claude Chabrol, avec Ludivine Sagnier, Benoît Magimel et François Berléand.
Vu au cinéma Notre-Dame de Mussidan (24), le 6 Septembre 2007

Observateur de notre société, Chabrol s’amuse à filmer les bourgeois, les nouveaux riches, et les gloires désabusées pour mieux disséquer les travers de notre société. Ces nouvelles élites qui cultivent le goût de l’élitisme à travers des cercles fermés ou étalent leur richesse aux yeux de la « populace » rappellent la période décadente qui précéda la chute de Rome.
Nous sommes les témoins d’un affrontement sentimental entre un écrivain « tendance » résident dans la campagne lyonnaise et le dandy héritier qui arpente les soirées branchées. L’objet du duel ? l’amour bien évidemment, le seul bien, encore non-solvable, pour lequel l’imprévu, la conquête et les défis viennent perturber et animer les routines rentières. Seulement au milieu c’est une femme qui va souffrir et qui va se chercher tout au long du film. Innocente, elle reçoit les coups sans rien dire et ne sera jamais épargnée. Jeune et joli, un divertissement pour l’un, l’Amour pour l’autre.
Scénario classique pourrait t-on s’empêcher d’écrire, c’est vrai, mais le réalisateur réussit à détourner le simple film romantico-bourgeois en observatoire d’un mode de vie décadent. On assiste à une critique en règle des comportements et habitudes des soi-disant membres de la classe supérieure. Les deux protagonistes dominant sont au début, intouchables et au fait de leur « pouvoir », mais peu à peu ils sombrent. Ils sont distingués et se distinguent notamment de la petite fleur qui va les emmener vers le bas. Fille du « peuple » c’est l’être désirable, celui de l’ailleurs et du dehors. Une petite cerise qui va étouffer la machine à élite.
Il ne faut pas oublier les acteurs, François Berléand n’a pas besoin de parler, sa présence, son attitude suffit à identifier cet écrivain désabusé et profiteur pour qui la vie n’est plus rien sinon un vaste jardin des plaisirs. Benoît Magimel est ce dandy, héritier et enfant gâté jusqu’au bout des ongles. Totalement habité par ce personnage à qui « l’on ne refuse rien », éperdument fou de celle qui lui a dit « non », il est le personnage tragique du film. Elle, « la fille coupée en deux » se retrouve au milieu de l’orage, elle subit et Ludivine Sagnier donne cette dimension fragile et quasi divine à son personnage. Blonde platine, c’est l’ange des deux rois, mais est-ce l’ange de l’amour ou de la mort ? Elle joue toute cette ambiguïté dans son personnage tourmenté, qui regarde sa vie sans vraiment maîtriser les événements qui vont décider du sort de ses deux aspirants. En apparence elle montre sa force et son intelligence mais ses actes sont dépassés par des forces supérieures qui courent inévitablement vers le duel prévisible.
Critique de la société, portrait d’une bourgeoisie décadente, ce film est une petite sonnette d’alarme pour tous les « dominants », qui se pense élite d’un monde. Et c’est le personnage joué par François Berléand qui au début du film annonce dans une interview qu’il décrit dans ses livres les décadences sociales de notre temps, le spectacle peut commencer Chabrol vient de nous annoncer la tragédie qui va suivre.
Bonne toile.

7 commentaires:

g. a dit…

Bonne, très bonne critique. J'avoue que ça me donnerait presque envie d'aller le voir. Mais ce serait sans compter sur ce petit je-ne-sais-quoi qui me déplaît chez Chabrol. Je sais, c'est très con mais je crois que c'est tout simplement le personnage qui me dérange. C'est sûr, ça sent le délit de sale gueule...

Jolie photo également. Très pin-up. Back to the 50's !

Anonyme a dit…

Ce petit je-ne-sais-quoi peut peut-être venir du thème souvent répétitif chez Chabrol, l'obsession du monde bourgeois, sa cruauté et son extravagance. Ces gens qui n'ont pas de "problèmes" de la vie courante (ex:payer son loyer, manger, s'habiller, payer l'essence...) alors que leur restent ils? la vie, donc ils vivent et Chabrol les regardent batifoler.

Prochaine toile : L'ennemi intime, The Bourne Supremacy, et plein d'autre j'espère !
et toi ?

g. a dit…

Ben écoute... je ne peux déjà pas te dire quand sera ma prochaine toile alors de là à te dire le titre du film... Je peux tout de même t'annoncer que je suis allé voir le deuxième volet du diptyque Grindhouse il y a deux semaines et que c'était plutôt pas mal. Et j'avoue que je ne sais plus trop quand sort le Gus Van Sant, mais il faudra que j'essaie d'aller le voir.

Au fait, Lettres d'Iwo Jima est sorti en dvd depuis le 29 août. Emplettes ou pas ?

Anonyme a dit…

Ah oui je l'avais oublié celui-là (planet terror) c'est quand je l'ai vu sur mon programme de mussidan (!) que je me suis dit qu'il fallait aller le voir.
Oui j'ai entendu qu'il était sorti en DVD, mais aussi en coffret avec Mémoires de nos pères, il parait que les bonus de ce dernier sont mieux que ceux de Lettres... Mais bon je sais pas, en Dvd j'achète généralement les films que je n'ai pas vu, donc je pense que je ne vais pas l'acheter.

J'ai vu la main au collet de Hitch, hier soir, vraiment bien ! Les dialogues érotiques et Grace Kelly, c'était un temps où les scénaristes faisaient de belles trouvailles dans leurs répliques. Vraiment réjouissant.

Ad'Line a dit…

Euh... Bonjour ^^ je laisse juste un 'ti comm' pr signaler mon passage sur tn blog, vu que tu es aussi passé sur le mien ^^

Jme lance pas ds votre discussion très cultivée ( jai pas le niveau ^^ ) donc jte dirai tt simplement:
@ + dans le bus !!

Julien a dit…

Merci de ta visite ! c'était pas une discussion cultivée, juste quelques révasserie de cinéphiles...
: )
Rendez vous dans le bus donc !
Bonne continuation.

Anonyme a dit…

Great work.